Saint Stanislas

Jeudi, 11 Avril 2024

Il y a une sagesse de Dieu, mystérieuse, cachée que Dieu nous a destinée par avance, dès avant les siècles. Cette sagesse de Dieu, c'est le Christ : il est, lui, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Dans le Fils se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ; lui-même, caché dans le mystère, a été destiné par avance, dès avant les siècles, prédestiné et préfiguré dans la Loi et les Prophètes. C'est pourquoi les prophètes portaient le nom de "voyants" : ils voyaient Celui que les autres ne voyaient pas. C'est ainsi qu'Abraham a vu le jour du Christ, et il s'est réjoui. Pour Ézéchiel, les cieux étaient ouverts, alors que pour le peuple pécheur ils étaient fermés. "Dévoile mes yeux, dit David, et je considèrerai les merveilles de ta loi". C'est que la loi est spirituelle, et pour la comprendre, il faut que soit écarté son voile, pour que la gloire de Dieu soit contemplée à visage découvert.
L'Apocalypse, nous présente un livre scellé de sept sceaux. Si tu le donnes à lire à un homme instruit, il te répondra : "Je ne puis pas, puisqu'il est scellé". Combien d'hommes aujourd'hui, se prétendent instruits, et tiennent en mains un Livre scellé ! Ils sont bien incapables de l'ouvrir, tant que ne l'a pas décacheté Celui qui tient la clef de David : "S'il ouvre, nul ne fermera, et s'il ferme, nul n'ouvrira".
Dans les Actes des apôtres, le saint eunuque, que l'Écriture désigne sous le terme d'homme, fut interpellé par Philippe, alors qu'il lisait Isaïe : "Crois-tu comprendre ce que tu lis ? Et comment le pourrais-je, répondit-il, si personne ne m'en instruit ?". Moi, je ne suis pas plus saint que cet eunuque, ni plus studieux. Lui, il est venu d'Éthiopie, autant dire du fin fond du monde ; abandonnant une cour royale, il a voyagé jusqu'au Temple. Et tel était son zèle pour la connaissance de Dieu, que même sur son char, il lisait les Saintes Écritures. Or, tenant en mains le livre, saisissant en pensée les paroles du Seigneur, les articulant même avec la langue et les prononçant de ses lèvres, il ignorait pourtant Celui que, toujours sans le savoir, il vénérait dans ce livre. Survient Philippe il lui montre Jésus caché sous la lettre. Ô merveilleuse puissance du docteur ! Sur le champ, l'eunuque croit, il est baptisé le voilà devenu fidèle et saint ; même, de disciple qu'il était, il s'est fait maître à son tour. Comprends donc que tu ne peux pas t'engager dans les Saintes Écritures, sans avoir un guide qui te montre le chemin.
Alors, dis-moi, frère très cher : vivre au milieu de ces Livres sacrés, les méditer sans cesse, ne rien connaître ni chercher en dehors d'eux, n'est-ce pas déjà, dès ici-bas, habiter le Royaume des cieux ? Mais dans les Saintes Écritures, ne sois par heurté par la simplicité, voire la rudesse du langage, que ce soit par la faute des traducteurs ou même à dessein. Toujours elles se présentent de telle façon que le premier venu puisse trouver à s'instruire, et que, dans une seule et même phrase, le savant et l'ignorant découvrent des sens insoupçonnés. Non point que je pousse la fougue et la stupidité jusqu'à me flatter de connaître tout ce qui s'y trouve : ce serait vouloir cueillir sur terre les fruits d'arbres dont les racines sont fixées dans le ciel. Mais j'avoue le désirer et je prétends m'y efforcer. Étudions ici, sur terre, ce dont la connaissance nous restera acquise dans le ciel.

Lecture d'un autre jour à partir du calendrier liturgique...